We-Search Journal 2023
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Dans ce travail de recherche philosophique, nous interrogeons la notion de progrès comme décisive dans l’orientation qu’a suivie la société occidentale depuis le début de la modernité jusqu’à aujourd’hui, au point de pouvoir parler d’une idéologie du progrès qui gouvernerait nos actions et nos pensées. Théorisée dans son acceptation actuelle par les philosophes des Lumières au 18e siècle, nous nous demandons si la manière dont ils l’ont défini à cette époque permet de concevoir encore aujourd’hui une amélioration possible de la vie de l’humanité dans son ensemble, notamment après les guerres destructrices du 20e siècle. Nous étudions cette question en nous interrogeant d’abord sur la définition moderne du progrès, puis sur les critiques qui ont pu lui être adressées au 20e siècle. Nous observons que le progrès est conceptualisé en parallèle d’une conception de l’histoire comme ayant un sens unique et linéaire, déterminé notamment par la visée du progrès. Cela constitue une des critiques principales que nous abordons, qui consiste à démontrer que cette conception de l’histoire est réductrice, privilégiant uniquement le point de vue des « vainqueurs », pour reprendre les mots de Benjamin, et qu’elle incite à l’inaction politique. Nous proposons également qu’il soit nécessaire de retourner à un universalisme rassemblant tous les êtres humains sous la bannière de l’humanité, pour éviter l’autre travers qui consiste à tomber dans le particularisme et à insister sur la différence, comme il est souvent tentant de le faire aujourd’hui. Nous montrons que le projet initial des Lumières était en effet de promouvoir le progrès de toute l’humanité, en considérant le progrès comme pluriel, et en insistant sur l’importance de l’esprit critique individuel et commun, pour juger chaque fois singulièrement de la nécessité des progrès. Nous opérons ainsi une translation, du progrès universel vers les progrès particuliers qui se font néanmoins au nom de l’humanité et de l’émancipation.